Mesdames, Messieurs, chers amis,
Je suis heureux de vous retrouver pour ce moment privilégié des vœux car j’aimerais vous faire passer un message d’espoir au moment où notre pays s’abîme dans le pessimisme.
Il est vrai que le mal est profond. La crise économique a engendré une crise sociale qui, à son tour, a engendré une crise politique. Les tendances croissantes à l’individualisme de notre société, les fractures sociales et générationnelles qui s’aggravent, nourrissent à juste titre l’inquiétude collective.
Notre société peine à croire en un monde meilleur. Pourtant, en chinois, le mot crise tient en deux caractères, Wei le danger, et Ji, l’opportunité. La crise, c’est donc le passage d’un état à un autre. Or c’est précisément d’une vision collective de l’avenir qui suscite l’adhésion de tous que nous manquons le plus. La responsabilité en incombe d’abord et avant tout à la classe politique.
C’est pourquoi nous devons réformer nos pratiques politiques pour rétablir la confiance ; trop d’élus sont coupés de la vie réelle. Mais point n’est besoin de se lancer dans une réforme constitutionnelle. En Suisse, pour ne prendre qu’un seul exemple, les élus doivent travailler pour gagner leur vie car ils ne touchent que des jetons de présence pour l’exercice de leur mandat.
Ne nous laissons donc pas accabler par le tracassin comme le disait le général de Gaulle en 1961. Il nous faut seulement de la lucidité, de l’imagination et du courage.
Car nous avons des raisons d’espérer. Notre pays ne manque pas d’atouts : une démographie dynamique, une main d’œuvre plutôt bien formée, des laboratoires de recherche publics et privés remarquables, des entreprises performantes. Je peux en témoigner.
Nous avons donc les moyens de surmonter la crise, à condition de relever quatre défis majeurs :
1) Premier défi : la solidarité intergénérationnelle, peut-on laisser tant de jeunes au bord de la route ou bien partir à l’étranger pour s’épanouir professionnellement ? Nous sommes confrontés à une fuite des cerveaux et des talents qui est préoccupante.
2) Deuxième défi : l’adaptation aux nouveaux rapports de force planétaires et aux enjeux environnementaux. Nous ne sommes plus au XIXe siècle lorsque notre pays, avec le Royaume-Uni, pouvait dicter sa loi au monde ou presque… C’est donc à nous de faire les efforts nécessaires pour trouver notre place dans la nouvelle carte du monde.
3) Troisième défi : la régulation de l’économie qui concentre la richesse financière jusqu’à l’absurde en oubliant l’essentiel : le courage des entrepreneurs, le savoir-faire des ouvriers et des paysans, le génie des architectes. C’est un défi international : est-il normal que 85 personnes soient aussi riches, détiennent autant de biens que la moitié de la population mondiale ? 85 contre 3,5 milliards !!!
4) Quatrième défi : le réchauffement climatique qui est un enjeu mondial mais aussi une formidable opportunité pour les entreprises françaises, depuis les économies d’énergie jusqu’aux énergies renouvelables en passant par le nucléaire.
Il faut donc rompre avec cette politique qui nous condamne au déclin pour permettre à chacun de s’épanouir au sein d’une communauté nationale forte et solidaire.
Il faut cesser de mettre la charrue avant les bœufs en donnant enfin la priorité à la croissance économique, c’est-à-dire à l’investissement, car avant de répartir la richesse, il faut d’abord la produire.
Pour cela, nous devons restaurer la compétitivité de nos entreprises pour dynamiser l’investissement et créer des emplois. Nous devons encourager et récompenser la créativité et l’esprit d’entreprise pour préparer l’avenir au lieu de faire partir les talents. L’élitisme républicain, fondé sur une éthique de la réussite, a cédé la place à un égalitarisme de mauvais alois qui nous conduit droit dans le mur en divisant les Français au lieu de les rassembler.
Mes chers amis, vous l’avez compris, ces vœux sont des vœux de lucidité et d’espoir car l’histoire de notre pays est jalonnée de crises suivies d’un renouveau. Alors, ensemble, faisons confiance à notre pays et selon la belle formule de John Kennedy dans son discours d’investiture, demandons-nous ce que nous pouvons faire pour notre pays au lieu de nous demander ce qu’il peut faire pour nous. C’est mon vœu le plus cher.
Je cède maintenant la parole à Jacques Brel qui, beaucoup mieux que moi, a su exprimer ce que je veux vous dire pour conclure :
Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns
Je vous souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer et d’oublier ce qu’il faut oublier
Je vous souhaite des passions
Je vous souhaite des silences
Je vous souhaite des chants d’oiseaux au réveil et des rires d’enfants
Je vous souhaite de résister à l’enlisement, à l’indifférence aux vertus négatives de notre époque
Je vous souhaite surtout d’être vous.
Bonne année.