Le rachat de la division "énergie" du groupe ALSTOM suscite beaucoup de débats, mais il est d'abord la conséquence de deux maux structurels de notre pays.
Le premier, c'est la faiblesse congénitale du capitalisme français dans un pays où "la chasse aux riches" est presque un sport national et l'accompagnement bancaire souvent frileux, quand il n'est pas défaillant.
Au lieu d'encourager les investisseurs et les entrepreneurs, on les montre du doigt. On se plaint à juste titre du rôle prédateur des fonds de pension américain, mais c'est notre pays qui leur ouvre la porte parce que le capitalisme français est trop faible.
Fort heureusement, en l'espèce, GE est un vrai groupe industriel.
Le second, c'est la faiblesse des marges de nos entreprises. Elles sont au plus bas depuis plus d'un quart de siècle, en raison de la hausse continue des prélèvements obligatoires et du corset administratif. Comment les entreprises peuvent-elles investir, innover et se développer si leurs marges sont insuffisantes ? Comment peuvent-elles affronter victorieusement la concurrence si elles n'innovent pas assez ?
En bref, ce sont nos politiques publiques qui affaiblissent nos entreprises. Plus que la concurrence.
Voilà qui explique pourquoi nos entreprises peuvent être si facilement la proie d'investisseurs étrangers. Cela dit, la France a aussi de grandes entreprises multinationales qui investissent à l'étranger. Fort heureusement... C'est là qu'elles peuvent se développer et souvent y faire l'essentiel de leurs bénéfices.
La division "énergie" d'Alstom finira donc chez GE ou Siemens, c'est au conseil d'administration de l'entreprise d'en décider. Mais je ne partage pas les craintes de certains concernant General Electric pour les raisons suivantes :
1) General Electric est une véritable entreprise industrielle, pas un simple investisseur. Son alliance avec la SNECMA (groupe SAFRAN) pour la conception et la fabrication de moteurs d'avion fonctionne très bien, à la satisfaction des deux partenaires.
2) General Electric a racheté la Compagnie Générale de Radiologie en 1987, devenue aujourd'hui General Electric Healthcare. Le moins que l'on puisse dire, c'est que GE a bien fait fructifier l'acquisition de la CGR : l'établissement de Buc (Yvelines) allie un important centre de recherche et un gros centre de production.
3) Les entreprises américaines n'ont pas toujours bonne réputation auprès des salariés, mais j'ai pu constater que l'établissement de Buc est engagé dans une vraie démarche de responsabilité sociétale.
L'internationalisation des entreprises est une conséquence logique de la mondialisation. Ne soyons pas frileux, n'ayons pas peur de l'avenir.