La fusion 78 - 92 a été précipitée et ses conséquences à moyen et long terme n'ont pas été sérieusement étudiées, ni discutées.
En voici quelques-unes qui auraient pourtant mérité des discussions approfondies avant toute décision :
1) Quelle place pour le 7892 dans la nouvelle architecture politico-administrative de l'Île de France ?
La constitution d'un nouvel ensemble aussi peuplé (3 millions d'habitants) et aussi riche (un budget de 3,4 milliards d'euros) pose clairement celui des équilibres entre les composantes administratives de la Région. Avec la ville/département de Paris, moins peuplée mais beaucoup plus riche, ce nouvel ensemble va peser très lourd face à des départements comme l'Essonne ou le Val d'Oise qui pèsent moitié moins.
De telles disproportions seront-elles supportables à l'intérieur de la Région Île de France quand on voit Paris prendre seul des décisions comme la fermeture des voies sur berge qui impacte la vie de tous les franciliens ?
Si chacun joue sa partition, quid de la capacité d'action de la Région Île de France ?
2) Quel devenir pour les services départementaux, l'Etat et les chambres consulaires ?
Un seul département veut dire un seul siège pour le département et une seule préfecture en cas de fusion.
Le siège ne sera "pas forcément à Nanterre" mais il ne sera certainement pas à Versailles comme Patrick Devedjian l'a affirmé au journal Le Figaro, après le vote ! Idem pour la préfecture et les services de l'Etat.
Quant à la Chambre de Commerce et d'Industrie de Versailles et à la Chambre des Métiers, elles seront elles aussi fusionnées.
Avant de faire d'éventuelles économies, la fusion pourrait donc commencer par engendrer des années de réorganisation des différents services administratifs et des dépenses nouvelles s'il faut construire un nouveau siège et un nouvel hémicycle pour les 88 conseillers départementaux.
Tout cela sans compter les conséquences sur la vie professionnelle de plusieurs milliers d'employés.
3) Quelles économies ?
Certains peuvent croire que cette fusion engendrera d'importantes économies de fonctionnement, c'est méconnaître le fonctionnement des départements qui sont d'abord des guichets sociaux. Patrick Devedjian les estimait lui-même à 10% il y a deux ans, un chiffre optimiste pour les Yvelines dont les dépenses de fonctionnement par habitant sont déjà parmi les plus basses de France.
En 2016, les dépenses de solidarité (personnes handicapées, RSA, aide sociale à l'enfance et personnes âgées) ont représenté plus de la moitié des dépenses du département des Yvelines. S'il est possible d'améliorer leur gestion, ces dépenses ont un caractère mécanique et elles sont subies par les départements qui appliquent des politiques nationales de protection sociale. Le seul espoir de baisse serait une diminution du chômage (RSA) qui ne dépend pas de la fusion.
Les frais de personnel représentent moins de 20% des dépenses de fonctionnement du département des Yvelines. Ces personnels sont avant tout des personnels d'exécution dans les domaines de la protection sociale, des collèges (restauration scolaire, entretien) et des routes dont la réduction entraînerait une dégradation de la qualité des services publics. Les économies à attendre sur les frais de personnel sont donc limitées.
4) Le casse-tête des sapeurs-pompiers
La protection du département des Hauts de Seine est assurée par la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, une unité militaire, tandis que celle des Yvelines est assurée par le Service Départemental d'Incendie et de Secours des Yvelines, un corps de sapeurs-pompiers civils financé principalement par le département et les communes.
Quel sera le sort de nos sapeurs-pompiers ? Je l'ignore !
Voilà un modeste échantillon des innombrables questions que pose la fusion, une fusion votée par une large majorité d'élus, un saut dans l'inconnu faute d'un travail préparatoire de fond. Imagine-t-on une fusion d'entreprises sans réflexion et sans préparation ?