Toute sa vie le général De Gaulle a porté au plus haut deux valeurs ancestrales de notre pays, issues de la noblesse d'épée, le service de la France et le mépris de l'argent (que ce soit à titre personnel - il payait ses factures d'électricité au palais de l'Elysée - ou à titre collectif - "la politique de la France ne se fait pas à la Corbeille" -).
Un demi-siècle plus tard, ces valeurs traditionnelles perdurent dans l'inconscient collectif des Français mais elles sont confrontées aux effets d'une mondialisation d'inspiration anglo-saxonne qui a fait de l'argent la valeur cardinale de la réussite alors qu'elle creuse tellement les inégalités économiques et sociales qu'elle fragilise même les régimes démocratiques.
Les Français n'aiment pas l'argent, à la différence des pays protestants du nord de l'Europe occidentale. La différence plonge ses racines dans l'histoire de l'Europe comme le démontre Max Weber dans un ouvrage publié au début du XXe siècle, L'Ethique protestante et l'Esprit du Capitalisme qui, malgré des faiblesses, livre l'une des analyses les plus pénétrantes des forces à l'oeuvre dans la construction des pays européens.
La France, elle, a diffusé les principes humanistes à portée universelle du siècle des Lumières, parfois dévoyés comme au temps de la colonisation, depuis le XVIIIe siècle.
L'Europe du Nord, elle, a exporté ses principes aux Etats-Unis jusqu'à en faire la première puissance économique de la planète.
Mais la mondialisation par l'argent qui prévaut aujourd'hui a des conséquences dramatiques car elle bouscule violemment l'ordre des sociétés traditionnelles qui sont tentées de chercher des repères dans leur passé, comme le montre la montée de l'islamisme radical inspirée au départ par l'Arabie saoudite et le wahabisme, alliance des pouvoirs politiques et religieux.
On ne désinventera pas l'argent, indispensable monnaie d'échange, mais il est nécessaire de mieux réguler les circuits financiers internationaux :
1) Pour remettre l'argent au service de l'économie et non l'inverse,
2) Pour empêcher une concentration excessive de la richesse qui confine à l'absurde lorsque 1% de la population mondiale détient autant de richesses que les 50% les plus pauvres, ce qui pèse sur le pouvoir d'achat et donc le développement économique.
La régulation financière devrait être au cœur des politiques économiques, le retour du nationalisme et du protectionnisme est une mauvaise réponse aux défis du Monde.
L'ouverture de la France à l'Europe a été le principal moteur économique des "Trente glorieuses", le repli protectionniste des années 1930 a conduit à la seconde guerre mondiale.
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