Les résultats des dernières élections municipales et départementales ont « révélé », au sens photographique du mot, la crise du monde rural. Une crise qui est le fruit d’un sentiment d’abandon comme les agriculteurs l’ont fortement et justement exprimé tout récemment, une crise qui se traduit politiquement par le poids de l’abstention et du vote protestataire.
La crise n’est pas nouvelle. Dès 2013 des géographes et des sociologues soulignaient le divorce économique et social croissant entre les villes et les campagnes (voir ma note du 29 octobre 2013 intitulée « Le nouveau désert français ») et en mars dernier des élus fins connaisseurs du territoire comme Gérard Larcher insistaient sur la recherche d’un meilleur équilibre à l’échelle même du département des Yvelines (voir ma note du 17 mars 2015).
Mais les résultats des élections ont « réveillé » les dirigeants politiques qui se pressent (ou font semblant de se presser) au secours des campagnes. Le gouvernement a même organisé un « comité interministériel aux ruralités » le 14 septembre à Vesoul (ça ne s’invente pas !). Les élus locaux savent, eux, à quoi s’en tenir, il leur suffit d’écouter leurs concitoyens...
Les questions sont posées depuis longtemps : difficultés de transport, éloignement et qualité des services publics (y compris la santé), vitalité du tissu économique et, près des grandes agglomérations, maîtrise de l’urbanisation et insécurité…
Les habitants attendent désormais des actes.
Des progrès importants sont possibles rapidement grâce aux nouvelles technologies :
Les campagnes sont un formidable champ d’innovation pour les nouveaux modes de déplacement comme le covoiturage et l’autopartage, pourquoi pas un site départemental dédié en partenariat avec un ou des opérateurs expérimentés ?
Les mutations économiques créent de nouvelles opportunités de développement et d’emploi depuis les « circuits courts agricoles » jusqu’aux entreprises du numérique dont les contraintes de localisation sont faibles, en passant par le travail à distance qui a, entre autres avantages, celui de réduire les déplacements ;
Des progrès possibles à une condition : disposer d’accès internet à très haut débit par fibre optique… Une responsabilité du Conseil départemental en zone rurale… mais j’ai suffisamment développé ce point dans des notes précédentes !
La question des commerces de proximité, des services médicaux et des services publics n’a toujours pas trouvé de réponse pleinement satisfaisante et les espoirs sont parfois déçus. Pourquoi ne pas aider les communes à ouvrir des « maisons de service polyvalentes » dans un cadre très souple pour permettre une adaptation aisée aux situations particulières ?
Depuis des décennies, les villes ont accaparé et monopolisé l’attention. Les vastes espaces ruraux de notre pays ont été abandonnés par une économie de marché qui concentre toujours davantage les hommes et les activités, au détriment de la qualité de la vie et au prix d’externalités économiques négatives qui ne sont jamais comptabilisées.
La révolution numérique en cours vient contrarier ce mouvement de concentration et elle offre de formidables opportunités pour inventer de nouvelles formes d’aménagement du territoire au service de la qualité de la vie. Les vastes espaces ruraux de notre pays sont un atout pour l’avenir comme les Parcs naturels régionaux en font quotidiennement la démonstration.
La ruralité ne devrait pas être une mode, éphémère comme toutes les modes. Au contraire, elle a seulement besoin de dirigeants politiques capables de lui dessiner un avenir et de lui fixer un cap.
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