Après avoir perdu deux ans, François Hollande a enfin redécouvert une évidence : ce sont les entreprises prospères qui créent de l'emploi et du pouvoir d'achat. Et Manuel Valls de prendre des mesures qui vont dans la bonne direction, contre une partie de la majorité présidentielle, avec une crise politique latente. Ces mesures vont dans la bonne direction car les hausses massives des impôts et des prélèvements sociaux ont achevé d'asphyxier une économie qui souffre avant tout d'un déficit de compétitivité, générateur d'un chômage de masse. François Hollande a berné les Français en leur faisant croire que taxer les riches suffirait, alors qu'en réalité c'est un effort national qui était et est toujours nécessaire. Il en paie le prix politique.
Ces mesures d'économie suffiront-elles pour redresser le pays ? Non. Mais cela devrait interrompre, du moins faut-il l'espérer, le fil d'un déclin qui n'a rien d'inexorable. Car, n'en déplaise aux adeptes de la croissance zéro, notre pays a besoin de créer de la richesse pour satisfaire les besoins des Français.
La France ne peut plus vivre à crédit au détriment des générations futures, comme elle l'a fait depuis plusieurs décennies. Elle a la chance de bénéficier de taux d'intérêt exceptionnellement bas, mais le nœud coulant pourrait se resserrer rapidement... Une véritable épée de Damoclès dont on parle peu en ce moment mais qui reste bien réelle. C'est donc par la croissance qu'il faut résoudre notre équation budgétaire, en commençant par réduire les dépenses publiques pour rétablir les marges des entreprises et leur permettre d'investir.
Outre la compétitivité, les ressorts de la croissance continuent de faire débat, cette fois à l'échelle mondiale, autour de deux facteurs majeurs : l'énergie et les inégalités. Deux débats politiques qui engagent notre avenir.
Les études économiques ont montré le rôle essentiel que joue le facteur énergie, en accessibilité et en coût, dans la croissance. C'est pourquoi les choix qui seront faits par le gouvernement en matière de transition énergétique, dans les prochains mois, pèseront lourds : le gouvernement cèdera-t-il et jusqu'où aux pressions des écologistes sur le nucléaire alors que cette source d'énergie est indispensable ? Quelle place fera-t-il aux énergies renouvelables qui offrent de réelles perspectives de développement mais à des coûts qui sont encore trop élevés ? L'enjeu est là : si l'énergie est trop chère ou difficile d'accès, elle freine la croissance.
Le second débat porte sur la concentration croissante et excessive de la richesse et le renforcement des inégalités qui freinent le développement économique de la planète. C''était, cette année, l'un des thèmes majeurs du Forum de Davos (voir ma note du 22 janvier), preuve d'une prise de conscience des dirigeants politiques et économiques du monde. Plus surprenant, mais dans la même veine, est le succès du livre d'un économiste de gauche français, Le Capital au XXIe siècle de Thomas Piketty, aux Etats-Unis.
Le partage de la valeur ajoutée entre le capital et le travail se pose aujourd'hui avec acuité, car la consommation de masse est un facteur majeur de croissance et la concentration croissante de la richesse un problème aggravé par la financiarisation de l'économie. Il ne s'agit pas de soutenir ceux que l'on appelait jadis les "partageux" et dont bon nombre d'élus socialistes sont les héritiers car je suis contre un égalitarisme stupide qui fait fi des talents de chacun. Comme l'affirme la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, l'élitisme républicain reconnaît le courage, le mérite et le talent. Les contrastes économiques et sociaux entre l'Europe du Nord et l'Europe du Sud illustrent ce principe.
C'est donc par une action sur ces leviers économiques qu'il faut agir, et non par la quête sans fin de mesures sociales compensatoires qui étouffent la croissance économique et assassinent socialement les classes moyennes.
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