L'impôt a-t-il pour but de réduire les inégalités ou de financer les dépenses publiques, selon les "facultés" de chacun ?
Ce débat de fond oppose deux visions de la société et il sous-tend des choix fondamentaux en termes de fiscalité.
Ainsi, l'actuel gouvernement stigmatise les revenus tirés de l'épargne (rebaptisés "revenus du capital" pour les besoins de la cause...) en les opposant aux revenus du travail. Or, pour le président de l'AFER, "un système fiscal doit motiver ceux qui travaillent (...) Les 15 millions de Français qui possèdent une assurance-vie ont-ils gagné leur vie injustement ? Cet argent a été gagné dans les règles et de lourds impôts ont déjà été payés sur ces revenus à tous les moments de la vie".
La France n'a pas de fonds de pension, mais elle a l'assurance-vie qui sert à financer nos entreprises (920 milliards d'euros), notre dette souveraine (400 milliards) et qui constitue pour beaucoup un 'pilier social" pour faire face aux aléas de la vie. Fiscaliser durement cette épargne, c'est injuste et c'est tuer "la poule aux oeufs d'or" du financement des entreprises et de l'Etat.
Mais il y a pire, c'est la taxation à 75% des très hauts revenus qui, couplée à l'ISF, devient clairement confiscatoire. Cela peut conduire à la délocalisation des sièges sociaux des entreprises, des grandes entreprises aux start-up. Alors qu'il s'agit d'une mesure avant tout symbolique car elle concerne environ 3000 foyers fiscaux pour une recette fiscale modeste évaluée à quelques centaines de millions d'euros (le déficit du budget atteint environ 90 milliards d'euros...).
Au demeurant, le gouvernement aggrave son cas en envisageant d'en exonérer les sportifs et les artistes au motif que leurs carrières seraient "courtes" (comme Johnny Alliday ?). Et c'est beaucoup de mépris pour les chefs d'entreprise et les cadres dirigeants, seraient-ils socialement moins utiles ?
Bref, il ne faut pas confondre justice fiscale et vengeance sociale, celle de ceux que l'on appelait jadis les "partageux".