Mesdames, Messieurs, chers amis,
Comme chaque année, je suis heureux de vous retrouver pour ce moment privilégié des vœux, des vœux pour l’avenir de notre pays, des vœux pour notre avenir.
Or notre pays est en proie à un profond pessimisme collectif. Tout particulièrement les jeunes qui craignent de moins bien vivre que leurs parents, alors que la génération de l’après-guerre a bénéficié de l’ascenseur social des trente glorieuses.
Il ne faut pas se voiler la face, la question se pose.
C’est pourquoi nous devons tout faire pour donner aux jeunes les moyens de construire leur avenir en trouvant du travail et un logement. Autrement dit, de quoi fonder un foyer et vivre dignement. Pour cela, nous devons relever deux défis :
Le premier défi, c’est le vieillissement de la population. Il pose la question de la solidarité entre les générations car la solidarité ne peut plus reposer sur l’endettement qui atteint désormais des niveaux dangereux pour notre indépendance nationale. C’est le sens profond de la réforme des retraites que j’ai votée, même si, avec d’autres, je souhaitais aller plus vite en passant à un système par points. La même question va se reposer dans quelques semaines lorsque le Parlement traitera de la prise en charge de la dépendance des personnes âgées.
Le second défi, c’est de s’adapter aux mutations planétaires qui affectent la vieille Europe et ses valeurs.
- Après des siècles de domination européenne puis nord-américaine, le centre de gravité économique de la planète s’est déplacé durablement vers l’Asie.
- Le réchauffement climatique et la raréfaction des ressources naturelles nous obligent à revoir nos modes de vie.
- La financiarisation de l’économie mondiale concentre la richesse jusqu’à l’absurde en oubliant l’essentiel : le courage des entrepreneurs, le savoir-faire des ouvriers et des paysans, le génie des architectes. Bref, la vraie vie.
Face à ces mutations, la France semble parfois désemparée. Si notre pays a brillamment réussi son ouverture européenne dans les années 1960, il a raté le virage de la mondialisation depuis les années 1990, en répliquant à des défis économiques par des mesures sociales. Mais rien ne nous condamne au déclin. Nous pouvons relever les défis de la mondialisation pour permettre à chacun de s’épanouir au sein d’une communauté nationale forte et solidaire, car la pauvreté qui touche une partie de nos concitoyens est inacceptable.
Nous ne manquons pas d’atouts.
Une démographie dynamique, la plus dynamique de toute l’Europe.
Des laboratoires de recherche publics et privés remarquables, des entreprises performantes, des hommes et des femmes passionnés qui ne demandent qu’à aller de l’avant comme je le constate à chaque rencontre.
Et l’Europe. Une Europe qui certes a grandi trop vite, on aurait mieux fait d’approfondir avant d’élargir à 27, mais qui avance. Avec du bon, comme l’Euro, et du moins bon, un libéralisme économique excessif. Par exemple lorsque la politique européenne de la concurrence oblige la France à démanteler le service public d’EDF ou de La Poste. Mais les pouvoirs accrus du Parlement européen, fruit du Traité de Lisbonne que j’ai voté, devraient, je l’espère, corriger ces défauts.
Que faire ? Rompre avec le malthusianisme ambiant qui ronge notre pays. En renouant avec une nouvelle croissance économique car avant de répartir la richesse, il faut d’abord la produire.
Or notre système tue le travail, alors que le meilleur moyen de trouver sa place dans la société c’est de travailler. En donnant la priorité au social sur l’économique depuis plus de trente ans, comme avec les 35 heures, une exception française qui coûte 15 milliards d’euros par an – presque le coût de la modernisation des transports en commun en Ile de France -, nous avons :
- Freiné notre dynamisme économique, notamment dans l’industrie qui a beaucoup reculé pendant qu’elle progressait en Allemagne,
- Freiné les salaires et contraint les salariés à une épuisante course à la productivité alors que le travail doit être une source d’épanouissement,
- Contraint bien des entreprises à délocaliser et déshumanisé les services avec la multiplication des automates, des serveurs vocaux et des centres d’appel,
- Entretenu le chômage de masse et la pauvreté, et donc sapé le moral des Français,
- Gravement endetté notre pays puisque nous vivons à crédit depuis le milieu des années 1970. Notre dette s’élève à 26.300€ par habitant, qui peut croire que l’on peut continuer sans subir un jour le sort de la Grèce ou de l’Irlande ?
Il suffirait de prendre dans la poche des riches disent certains, alors laissez-moi vous donner deux chiffres : en 2011, le déficit du budget sera d’environ 90 milliards d’euros alors que les dix premières fortunes de France font environ 70 milliards. Autrement dit, même en vidant les poches des plus riches, en raisonnant par l’absurde, on ne comblerait même pas une année de déficit budgétaire ! Chers amis, on peut aller vers plus de justice sociale, mais méfions-nous des idées simplistes !
Il y a mieux et plus efficace, c’est de renouer avec la croissance en brisant le cercle vicieux des transferts sociaux massifs.
Ceux qui travaillent se plaignent avec juste raison de la faiblesse de leur pouvoir d’achat car nos salaires nets sont trop faibles alors que le coût du travail est le même qu’en Allemagne. Pourquoi ? Parce que les augmentations de salaire ont été amputées par des prélèvements sociaux très élevés qui pénalisent le pouvoir d’achat des salariés, mais aussi l’investissement et la compétitivité de nos entreprises, les ressorts de l’avenir.
C’est pourquoi il faut traiter le mal à la racine pour revenir dans le cercle vertueux de la croissance :
- En réduisant les transferts sociaux. Le RSA illustre l’absurdité d’un système où il faut des aides sociales pour les travailleurs pauvres alors que le travail devrait être synonyme de dignité sociale.
- En supprimant les charges salariales pour relever les salaires nets et dynamiser le pouvoir d’achat et la consommation, et donc l’emploi,
- En remplaçant les charges salariales par une sorte de « TVA sociale » qui aurait l’avantage d’améliorer la compétitivité des produits fabriqués en France à l’exportation et de les mettre sur un pied d’égalité fiscale avec les produits importés,
- En réduisant ainsi le coût du travail, on stimule la création d’emplois et on élargit l’assiette des cotisations sociales, ce qui permet d’en réduire le poids et d’entrer dans un cercle vertueux.
Je continuerai de plaider dans ce sens à l’Assemblée nationale, comme je l’ai fait depuis des années pour la suppression de l’ISF et du bouclier fiscal, deux absurdités qu’il faut remplacer par un impôt sur les flux du patrimoine. Pourquoi absurde ? Parce que l’ISF pénalise notamment la résidence principale à cause de l’envolée des prix de l’immobilier, sans tenir compte des revenus.
J’ai déposé une proposition de loi relative aux gens du voyage car j’estime qu’ils ont les moyens de payer les frais de fonctionnement des aires d’accueil, supportés aujourd’hui par les communes. La vraie solidarité ne consiste pas à faire payer le mode de vie des uns par les autres, y compris les plus modestes.
Avec Valérie Pécresse, nous agissons pour réduire les nuisances de l’aéroport de Toussus le Noble car les mesures obtenues ces dernières années ne sont pas suffisantes.
Pour les Yvelines, l’objectif majeur est de trouver un juste équilibre entre développement économique, protection de l’environnement et qualité de la vie. En résumé, l’Opération d’Intérêt National de Saclay et le Parc naturel régional.
D’ici quelques mois, la nouvelle charte du Parc naturel régional à laquelle nous travaillons depuis trois ans va entrer en vigueur. Notre but : agir localement pour le développement durable. Comment ? En conservant ou en restaurant la dynamique du vivant pour stopper l’érosion de la biodiversité, et en maîtrisant l’urbanisation. A nous de faire preuve d’imagination pour inventer des modes de vie moins consommateurs d’espace, d’énergie et de transports afin de réduire notre empreinte écologique.
Pour l’O.I.N. et plus généralement la Région Ile de France, l’enjeu majeur c’est de rester au meilleur niveau dans la compétition mondiale en regroupant une part importante de nos capacités de formation et de recherche-développement pour améliorer leur performance. Une opération dont la réussite est conditionnée par la modernisation et le renforcement des transports en commun, notamment la création d’une nouvelle ligne de métro automatique autour de Paris.
Au Conseil Général, nous cultivons la solidarité au quotidien, pour les personnes âgées, les handicapés et les jeunes en difficulté, avec par exemple l’ouverture récente de Gérondicap à Magny les Hameaux. La solidarité, c’est 68% du budget, mais nous aidons aussi nos entreprises pour développer l’emploi, par exemple avec la création d’un centre national de recherche sur les véhicules du futur à Satory, nous investissons dans les collèges et l’Université de Saint Quentin en Yvelines qui vient d’entrer au classement de Shanghaï, nous aidons les communes à améliorer la qualité des équipements collectifs, nous soutenons la vie associative sportive et culturelle. Avec les impôts les plus faibles de toute la Région. En 2011, nous allons lancer la troisième tranche du plan de déploiement du très haut débit internet. Les deux premiers visaient les entreprises, celui-ci vise la desserte des particuliers mais c’est un chantier de longue haleine pour des raisons budgétaires et techniques.
Mes chers amis, l’espérance est un emprunt fait au bonheur. Alors, ensemble, faisons confiance à notre pays et préparons l’avenir.
Je renouvelle à chacune et chacun d’entre vous mes vœux les meilleurs et les plus sincères pour vous, votre famille et tous ceux qui vous sont chers.
Bonne année.
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