Le déploiement de drones MALE et tactiques en Afghanistan a parfaitement démontré l’intérêt de ce moyen de renseignement et de surveillance en temps réel pour les armées françaises.
Pourtant, malgré leurs performances appréciées des états-majors, ces systèmes à vocation « intérimaire » accusent leur âge et en décembre 2009 un rapport parlementaire soulignait l’urgence des décisions à prendre pour éviter des ruptures capacitaires.
Le segment MALE est sans aucun doute le plus critique. D’un point de vue militaire, les performances du Harfang sont techniquement dépassées. D’un point de vue industriel, la France et l’Europe subissent les contrecoups des tergiversations politiques des années 2000, comme l’abandon du programme Euromale, et des rivalités entre les grands groupes industriels dont les savoir-faire sont remarquables.
Le nouveau ministre de la Défense va devoir trancher rapidement le nœud gordien. Aux deux solutions examinées par son prédécesseur, l’achat sur étagère de drones Predator B Reaper, produits aux Etats-Unis par General Atomics, ou le renforcement de la flotte des Harfang, il en a ajouté une troisième au cours de son audition devant la commission de la défense et des forces armées le 21 décembre, l’acquisition d’un drone fruit d’une collaboration entre Dassault et IAI.
L’enjeu majeur, c’est le renouvellement de la flotte à l’horizon 2020. L’avenir du drone MALE en Europe ne semble plus reposer désormais que sur les volontés politiques française et britannique, concrétisées par l’accord de défense signé début novembre. Une volonté qui sera testée par les moyens budgétaires alloués rapidement à ce programme pour le lancer, capitaliser sur les compétences acquises et être prêt à temps. Sinon, une solution étrangère s’imposera et c’est encore un pan de l’industrie européenne qui disparaîtra alors que le marché des drones s’annonce très prometteur. Dans l’économie mondialisée, la compétition prévaut comme nous le rappelle le feuilleton du remplacement des avions-ravitailleurs de l’US Air Force.
Le segment tactique, plus concurrentiel, incite à plus d’optimisme. L’armée de terre et la marine multiplient les expérimentations pour bien cerner leurs besoins. Le groupe SAFRAN continue d’investir sur l’avenir avec le drone Patroller, bien adapté à des usages civils et militaires. Il vient aussi de passer des accords de coopération avec l’Israélien Elbit, l’un des leaders mondiaux.
Au-delà des besoins militaires qui sont prioritaires, la question des drones est un test de la volonté politique des Etats européens d’assurer eux-mêmes leur défense en conservant leur outil industriel.
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