Mesdames, Messieurs, chers amis,
Ce moment privilégié des vœux, ce moment d’échange et de convivialité qui nous réunit chaque année, est aussi un moment d’espoir.
Ce qui nous rassemble, c’est la liberté et ce qui fonde l’histoire de notre pays, deux fois millénaire, c’est l’histoire de la conquête de nos libertés. Une histoire faite de jours heureux et de pages sombres, une histoire proche de nous.
Il y a quelques mois j’ai entendu les cloches de Saint Germain l’Auxerrois, les cloches qui avait sonné la Saint Barthélemy et j’ai pensé aux guerres de religion qui ont débouché sur la Philosophie des Lumières, la tolérance et finalement la liberté religieuse qui a desserré le carcan de l’Eglise catholique sur la fille aînée de l’Eglise.
Les libertés politiques et économiques, j’en ai fait l’expérience en 1968. Non pas sur les barricades de Paris, mais en décembre à Prague où l’Armée Rouge était partout après l’écrasement du printemps de Prague et où les magasins étaient vides. Une ambiance de plomb sous un ciel de neige. Je suis certain que les attaques dont notre pays a fait l’objet en 2015 auront les mêmes vertus pédagogiques sur les jeunes générations car elles nous ont brutalement déniaisés après la plus longue période de paix de notre histoire et rappelé que la guerre est toujours possible.
La liberté politique et la démocratie sont le fruit d’un long cheminement, des franchises urbaines du Moyen Âge aux révolutions de 1848, en passant par 1789 et la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Au fil des siècles, les démocraties, malgré leur fragilité apparente et leurs imperfections « la démocratie est le pire des régimes, à l’exception de tous les autres » disait Churchill, ont affirmé leur supériorité et au XXe siècle, elles ont vaincu militairement le fascisme et économiquement et socialement le communisme soviétique.
Quant à la liberté économique, la Révolution française a permis le formidable développement de notre économie au rythme des pays protestants en faisant sauter tous les verrous de l’Ancien Régime.
Mes chers amis, notre liberté a été payée par le sang de nos aïeux et notre richesse par leur intelligence et leur sueur. Si vous en doutez, relisez Villermé ou Zola pour comprendre comment s’est faite l’accumulation primitive du capital industriel au XIXe siècle.
Nous pouvons être fiers de cet héritage, fiers de nos valeurs, des valeurs que nous partageons avec beaucoup d’autres peuples. Quel plus beau témoignage que nos couleurs spontanément apparues sur beaucoup d’édifices dans le monde au lendemain du 13 novembre !
Nous avons le devoir de défendre et de faire fructifier cet héritage. Nous en avons les moyens comme le montrent les performances de nos entreprises et la créativité de la French Tech qui s’illustre ces jours-ci à Las Vegas.
Une économie que le progrès scientifique et technique peut et doit réconcilier avec l’environnement car, selon la belle formule de Saint Exupéry, « nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants ».
Une économie qui doit s’ouvrir à de nouveaux horizons comme l’économie du partage, alors que la financiarisation de l’économie concentre la richesse jusqu’à l’absurde quand 1% de la population détient la moitié de la richesse de la planète.
Nous avons aussi le devoir de défendre notre territoire et nos intérêts contre tous ceux qui veulent y porter atteinte et quand je vois les Français resserrer les rangs dans les épreuves, nous avons toutes les raisons de regarder l’avenir avec optimisme. A condition de rester lucides car lorsque je travaillais au SGDN au début des années 1990, je me souviens de cartes prospectives où un arc de crises allait de la Mauritanie au Pakistan… Les experts avaient bien vu l’avenir, mais qu’avons-nous fait ?
Je fais mienne cette formule de Romain Gary : « le patriotisme, c’est l’amour des siens, le nationalisme, la haine des autres ». L’homme a besoin de racines et il a besoin de vivre ensemble. Renan ne dit pas autre chose lorsque s’interrogeant sur la nation, il en conclut que le ciment d’une nation c’est le désir de vivre ensemble.
Pourtant tout ne va pas bien dans notre pays. Notre économie est en berne, notre société est gangrenée par un chômage de masse qui ne permet pas à chacun de trouver sa place dans la société, et nos capacités militaires s’amenuisent faute d’un effort budgétaire suffisant.
Notre problème est fondamentalement politique. Depuis plus de 40 ans, nos dirigeants ont cédé à la facilité au lieu de nous appeler à l’effort, conséquence d’une dégradation des pratiques politiques et notamment d’une professionnalisation d’une partie des élus.
Un élu sans métier est un élu coupé du monde réel. Comme il vit de ses indemnités, il est soumis au parti qui le fait élire et ne songe qu’à être réélu. Faisons comme la Suisse où les élus doivent travailler pour vivre et ne touchent que des jetons de présence et nous verrons la différence.
Fort heureusement, les élus communaux continuent d’entretenir un lien authentique et vivant avec les Français qui ne s’y trompent pas, ils sont les seuls élus auxquels ils accordent encore leur confiance.
La France est un beau pays, un pays où la douceur de vivre repose sur des équilibres qu’il faut préserver entre les villes et les territoires ruraux. C’est ce que nous avons fait ici depuis plusieurs décennies en veillant à préserver l’équilibre entre le pôle de développement de Saint Quentin en Yvelines, plus largement aujourd’hui Paris-Saclay et les territoires ruraux du Parc naturel régional.
C’est l’une des missions essentielles du Parc naturel régional et j’espère qu’en 2017 une nouvelle majorité permettra de corriger les absurdités de la loi Duflot qui impose 25% de logements sociaux dans certaines communes du Parc, au mépris de la réalité. Nous avons besoin de construire des logements, mais pas n’importe où, n’importe comment dans une logique bureaucratique.
Le Parc naturel régional a aussi pour vocation d’entretenir une forte dynamique territoriale. Nous soutenons le développement des activités économiques sur le territoire en aidant les créateurs d’entreprise et nous cherchons à valoriser le potentiel touristique de notre patrimoine. C’est ce que nous faisons au petit moulin des Vaux de Cernay dont le musée ouvrira l’été prochain.
Toujours en termes d’aménagement du territoire, je m’interroge sur les motivations et les conséquences d’une fusion de notre département avec celui des Hauts de Seine.
J’en vois bien les avantages financiers car la dot de la mariée est très appréciable et le beau potentiel de développement que cela apporterait à l’axe Seine de La Défense à Mantes et au-delà. Mais on peut légitimement s’interroger sur la place et le sort de Paris-Saclay et du Parc naturel régional de la haute vallée de Chevreuse, deux territoires de projet qui allient les Yvelines et l’Essonne, dans ce projet de fusion. De quoi alimenter le débat.
Il me reste à former des vœux pour la France, des vœux pour la réussite de Valérie Pécresse qui vient de prendre en charge le destin de l’Île de France, des vœux pour chacune et chacun d’entre vous, les meilleurs et les plus sincères pour vous, votre famille et tous vos projets personnels, associatifs et professionnels.
Bonne année.
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