En 1989, la fin de la Guerre Froide devait inaugurer une nouvelle ère de paix et de prospérité. On espérait beaucoup des "dividendes de la paix" pour reprendre une formule qui eut son heure de gloire à l'époque.
25 ans après, ces espoirs ont été largement déçus. Le monde est maintenant beaucoup plus dangereux qu'au temps de la Guerre Froide où les relations internationales obéissaient à des logiques prévisibles bien maîtrisées par les Etats. Les "blocs" structuraient et d'une certaine façon régulaient les relations internationales, ne laissant qu'une place modeste aux non-alignés.
Ce monde a disparu, le chaos et l'anarchie sont désormais installés durablement dans certaines parties du monde. Un chaos qui se caractérise par l'affaiblissement voire la disparition de toute autorité étatique au profit de groupes armés rivaux dans des régions parfois qualifiées de "zones grises". Elles sont nombreuses : en Afrique la Somalie, le nord du Nigéria, une partie de la zone sahélienne, la Libye, au Moyen-Orient l'Irak et la Syrie, le Yémen, plus à l'est une partie de l'Afghanistan et le nord du Pakistan, etc... Dans beaucoup d'entre elles, ce sont des groupes islamistes radicaux qui mènent la danse avec l'appui (et le double jeu) de certains pays comme l'Arabie Saoudite ou l'Iran, sur fond de rivalités ancestrales entre sunnites, chiites et autres courants minoritaires de l'Islam.
Dans ces régions, les populations civiles sont parfois victimes des pires exactions et on assiste à un retour de la barbarie. Les "lois de la guerre" sont bafouées, la communauté internationale, divisée, est la spectatrice de son impuissance et il n'y a plus de superpuissance capable de ramener l'ordre.
En Europe, la Russie fait payer aux Occidentaux les humiliations territoriales qu'elle a subies depuis la fin de la Guerre Froide. La situation géopolitique de l'Ukraine se prête bien à l'exaltation du fort sentiment nationaliste russe. C'est pourquoi Vladimir Poutine en a fait un casus belli avec l'Occident et l'on assiste à une lente et dangereuse escalade des représailles économiques. La Russie n'est pas l'Iran et une dégradation de sa situation économique et sociale pourrait aboutir à radicaliser les sentiments nationalistes de sa population.
Autrement dit, le monde est de plus en plus dangereux et les menaces de guerre s'accentuent. Face à ces menaces, l'Europe apparaît comme un "tigre de papier". Trois pays européens seulement ont des moyens militaires significatifs, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne dont la capacité d'action est sévèrement bridée par sa Constitution.
C'est bien peu et la réduction régulière des budgets militaires en France et au Royaume-Uni ampute encore un peu plus chaque jour ces capacités. L'excellence reconnue des armées françaises cache une autre réalité, la vétusté d'une partie des matériels qui ont parfois plus de quarante ans (dans le transport aérien et le ravitaillement en vol par exemple, alors que nos industriels se classent parmi les meilleurs mondiaux) et les fortes contraintes opérationnelles que subissent les personnels. Engagées dans plusieurs conflits les armées françaises font des miracles, dans le silence de la "grande muette". Pour combien de temps ?
La Défense est une forme d'assurance-vie de la Nation, à condition de lui en donner les moyens.
Si vis pacem, para bellum. Le viel adage romain n'a rien perdu de son actualité.
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