A l'occasion de son discours sur la recherche, prononcé lundi 28 janvier 2008, au campus universitaire d’Orsay, le Président de la République a pris position sur l'Opération d'Intérêt National (OIN) St Quentin - Saclay - Massy.
"Cette décentralisation du dispositif de valorisation, au plus près des entreprises et des laboratoires, facilitera la rencontre des chercheurs les plus innovants et des entrepreneurs les plus audacieux. Cette fécondation a besoin de territoires pour s’exprimer et se développer. Aucun territoire n’en fournit un meilleur exemple que celui où nous nous trouvons aujourd’hui, que j’appellerai le plateau de Saclay même s’il en déborde un peu, cher Christian BLANC. J’étais venu il y a un an, alors que j’étais ministre chargé de l’Aménagement du territoire. J’avais rencontré les principaux acteurs de cet endroit extraordinaire de la science française. Et j’avais senti une prise de conscience et un mouvement qui tranchait avec des décennies d’immobilisme et d’indifférence mutuelle.
Il faut désormais organiser et structurer cette énergie et cette volonté mutuelle d’agir pour fonder un grand projet à la fois, je le dis aux élus, scientifique, économique, urbanistique et paysager, sur le plateau de Saclay. Nous pouvons fonder ici au XXIème siècle ce que d’autres ont fondé à Cambridge au Royaume-Uni, ou à Cambridge au Massachusetts, en d’autres siècles, et je pense qu’on peut même, faire mieux. Il faut maintenant une gouvernance, un chef de projet, un cahier des charges, et des idées.
S’agissant du cahier des charges et de la stratégie scientifique, la fondation qui réunit les deux réseaux technologiques de recherche avancée du plateau, présidée par Philippe LAGAYETTE, prépare un projet que j’attends avec intérêt. Ils le font, ce sont des gens de qualité, attendons ce qu’ils vont nous proposer. S’agissant des idées, j’ai bon espoir que les dix grands architectes que nous allons missionner pour réinventer le territoire francilien auront la bonne inspiration que je leur suggèrerai de s’intéresser à cet endroit. L’organisation ne tue pas la créativité. Et si l’Etat ne s’en mêle pas, on restera dans trente ans, toujours dans la même situation. S’agissant enfin de la gouvernance, je crois qu’il faut clarifier et qu’il faut inventer. La clarification, c’est de reconnaître que l’opération d’aménagement à entreprendre ne relève pas tant de la politique du logement que de la politique scientifique et universitaire de la France. J’admets, c’est un changement. Le but, je voudrais vous le dire, n’est pas pour moi de construire des logements par dizaines de milliers entre Massy et Versailles,le but est d’accueillir dans un cadre agréable et écologique les meilleurs chercheurs et étudiants du monde. L’invention, c’est de fonder une structure d’aménagement qui respecte cette vocation unique en son genre, quitte, je vous l’annonce à passer par la loi si c’est nécessaire. On ne peut pas continuer à être dans un pays où la moindre association de défense peut empêcher la réalisation de projets d’importance stratégique uniquement parce qu’il y a un intérêt corporatiste qui s’y oppose. On ne peut pas s’en sortir. Indemniser oui, empêcher toujours et tout le temps, non. Ce n’est pas raisonnable ou alors on va prendre trente ans, quarante ans de retard, donc je le dis : si la loi est nécessaire, Valérie, et bien on passera par la loi. En tout cas, à la fin de 2008, l’opération de Saclay aura, je m’y engage, un pilote, un projet, qui associera toutes les institutions scientifiques, toutes les grandes écoles, les universités, et les élus, pour aller de l’avant. Cela fait trop longtemps que l’on parle de ce que l’on va faire à Saclay, à la fin de 2008, on n’en parlera plus, on commencera à le faire. C’est une question d’honnêteté à l’endroit de tous ceux qui se mobilisent, quelque soit par ailleurs leur statut et leursensibilité. 2008, on élabore le projet, on trouve le pilote, et à partir de 2009, on réalise".