Mesdames, Messieurs, chers amis,
Comme chaque année, je suis heureux de vous retrouver pour ce moment privilégié des vœux.
Des vœux qui prennent une tonalité particulière en raison de la crise qui ronge notre pays et sape le moral des Français.
Pourtant, nous avons des raisons d’espérer car notre pays ne manque pas d’atouts : une démographie dynamique, la plus dynamique de toute l’Europe, une main d’œuvre plutôt bien formée, des laboratoires de recherche publics et privés remarquables, des entreprises performantes. Je peux en témoigner.
Nous avons donc les moyens de surmonter la crise, à condition de relever trois défis majeurs.
1) Premier défi : la solidarité intergénérationnelle, peut-on laisser tant de jeunes au bord de la route ou bien partir à l’étranger pour s’épanouir professionnellement ? Nous sommes confrontés à une fuite des cerveaux et des talents qui est préoccupante.
2) Deuxième défi : l’adaptation aux nouveaux rapports de force planétaires et aux enjeux environnementaux. Nous ne sommes plus au XIXe siècle lorsque notre pays pouvait dicter sa loi au monde ou presque… C’est donc à nous de nous adapter.
3) Troisième défi : la régulation de l’économie qui concentre la richesse financière jusqu’à l’absurde en oubliant l’essentiel : le courage des entrepreneurs, le savoir-faire des ouvriers et des paysans, le génie des architectes.
Face à ces défis, notre pays semble désemparé car s’il a brillamment réussi son ouverture européenne dans les années 1960, il a raté le virage de la mondialisation depuis les années 1990. Pourquoi ? Parce que nous avons mis la charrue avant les bœufs.
Comment ? En donnant la priorité au social sur l’économique depuis plus de trente ans, nous avons :
- Freiné notre dynamisme économique et raté le rendez-vous de la 3e révolution industrielle, celle de l’informatique et des biotechnologies, malgré des capacités réelles,
- Freiné les salaires et contraint les salariés à une épuisante course à la productivité alors que le travail devrait être une source d’épanouissement,
- Freiné nos investissements et donc la modernisation de notre outil de production et de nos équipements publics, en particulier dans le domaine des transports. Un exemple ? Les 35 heures coûtent plus de 15 milliards d’euros par an au budget de l’Etat. Ce chiffre ne vous dit rien ? En moins de 3 ans, il permettrait de construire le Grand Paris Express et de moderniser les réseaux de transports en commun de toute l’Ile de France, tout en créant beaucoup d’emplois.
Au fil de trois décennies, l’accumulation incessante de mesures sociales, souvent inadaptées et inefficaces, a lourdement endetté notre pays sans réduire le chômage (l'un des plus élevés d'Europe), ni empêcher l’extension de la pauvreté. Pire, la pauvreté continue de s’étendre et commence parfois à toucher des membres de la classe moyenne, alors que la redistribution sociale atteint des sommets – 33% du PIB, record du monde - et que le pays frôle l’asphyxie fiscale.
Il suffirait de prendre dans la poche des riches disent certains, alors laissez-moi vous donner deux chiffres : en 2011, le déficit du budget était d’environ 90 milliards d’euros alors que les dix premières fortunes de France totalisaient environ 70 milliards. Autrement dit, même en vidant les poches des plus riches, en raisonnant par l’absurde, on ne comblerait même pas une année de déficit budgétaire ! Autrement dit, si les riches doivent participer à l’effort national à proportion de leurs facultés, le « mur budgétaire » est tel qu’il nécessite l’effort de tous.
Il faut donc rompre avec ce modèle économique et social qui nous condamne au déclin pour permettre à chacun de s’épanouir au sein d’une communauté nationale forte et solidaire.
Il faut cesser de mettre la charrue avant les bœufs en donnant enfin la priorité à la croissance économique, c’est-à-dire à l’investissement, car avant de répartir la richesse, il faut d’abord la produire.
Pour cela, nous devons restaurer la compétitivité de nos entreprises pour dynamiser l’investissement et créer des emplois. Nous devons encourager et récompenser la créativité et l’esprit d’entreprise pour préparer l’avenir au lieu de faire partir les talents. L’élitisme républicain, fondé sur une éthique de la réussite, a cédé la place à un égalitarisme de mauvais alois qui nous conduit droit dans le mur en divisant les Français au lieu de les rassembler.
Connaissez-vous cette plaisanterie sur les énarques ? Je vous la fais courte : étudiant le comportement d’une puce, les énarques lui intiment l’ordre de sauter après lui avoir enlevé les pattes et en tirent la conclusion qu’elle est sourde ! Eh bien, le gouvernement fait de même : alors que ce sont les entreprises qui créent les emplois productifs dont nous avons besoin, alors que leurs marges sont au plus bas depuis 25 ans, le gouvernement alourdit encore leurs charges de 10 milliards d’euros en 2013 et s’étonne qu’elles n’investissent pas autant que leurs concurrentes étrangères, qu’elles n’innovent pas davantage et qu’elles suppriment des emplois !
Plus près de nous, la loi sur le Grand Paris a donné une impulsion majeure à l’aménagement du territoire de l’Ile de France pour la première fois depuis les années 1960 et je suis fier d’en avoir été l’un des artisans au Parlement. Cette ambition ne doit pas devenir peau de chagrin.
Un seul exemple. Pendant qu’un petit pays comme la Finlande, dont la capitale Helsinki compte autant d’habitants que le département des Yvelines, construit une nouvelle ligne de métro pour desservir Otaniemi, l’équivalent de Paris-Saclay, un rapport commandé par Cécile Duflot renvoie la ligne verte du Grand Paris Express, Versailles – Saclay – Orly, aux calendes grecques contre l’avis de tous les élus, je dis bien de tous les élus ! Est-ce ainsi que l’on va améliorer la vie quotidienne des franciliens et dynamiser notre économie ? J’espère que le gouvernement prendra en février la bonne décision, c’est-à-dire de poursuivre rapidement ce projet qui n’est pas, selon le président du Conseil régional, « un luxe, mais un investissement ».
Toujours en 2013, le nouveau Schéma Directeur d’Aménagement de la Région Ile de France doit être enfin approuvé. J’espère là encore que le bon sens triomphera en veillant à l’équilibre entre logement, transport et emploi. Pour l’heure, le compte n’y est pas : les Yvelines devraient construire près de 9000 logements par an sans augmentation de l’emploi à due proportion et sans nouveaux moyens de transport, au nom du rééquilibrage Est-Ouest de l’Ile de France ! La nouvelle loi sur le logement confine même à l’absurde puisqu’au Mesnil Saint Denis, par exemple, il faudrait construire 150% de logements sociaux dans les prochaines années pour la respecter ! Mais le pire n’est jamais sûr et en cette période, gageons que la raison finira par l’emporter.
Mes chers amis, mon propos vous a peut-être surpris. Mais, vous l’avez compris, ces vœux sont des vœux de lucidité et d’espoir car l’histoire de notre pays est jalonnée de crises suivies d’un renouveau. D’après Joseph Joubert, l’espérance est un emprunt fait au bonheur. Alors, ensemble, faisons confiance à notre pays et selon la belle formule de John Kennedy dans son discours d’investiture, demandons-nous ce que nous pouvons faire pour notre pays au lieu de nous demander ce qu’il peut faire pour nous. C’est mon vœu le plus cher.
Je renouvelle à chacune et chacun d’entre vous mes vœux les meilleurs et les plus sincères pour vous, votre famille et tous vos projets.
Bonne année.