Pierre Bédier et Patrick Devedjian sont d'accord. La fusion des deux départements doit être votée par les deux assemblées départementales au lendemain des élections sénatoriales, histoire de ne pas énerver les électeurs. C'est à dire fin 2017.
Patrick Devedjian dont j'apprécie la franchise avait annoncé la couleur l'an dernier, tandis que Pierre Bédier feignait de "laisser du temps au temps". Une tactique pour rassurer les élus yvelinois.
Est-il bien raisonnable de précipiter la fusion et de foncer dans le brouillard ? S'agit-il de répondre à une demande des électeurs yvelinois ? Bien sûr que non.
Or les innombrables problèmes posés par la création des intercommunalités dont l'efficacité reste à démontrer devraient pourtant servir de leçon aux apprentis-sorciers.
La Cour des Comptes vient de rappeler que la création des intercommunalités avait pour but de faire des économies alors qu'elles ont complexifié la gestion des collectivités et multiplié les dépenses !!!
Ne serait-il pas temps de faire une pause dans le jeu de Légo institutionnel et d'en évaluer d'abord les conséquences, positives ou négatives, avant d'aller plus loin ?
Il ne s'agit pas d'immobilisme. Nous pouvons continuer de mutualiser ce qui peut l'être si cela permet de faire des économies ou de gagner en efficacité, nous pouvons aussi mener à bien de grands projets comme nous l'avons fait avec le tramway T6, sans pour autant nous marier.
Le sort de nos territoires et de leurs habitants mérite mieux que des décisions à l'emporte-pièce. En tout état de cause, cette fusion ne pourra pas se faire "sans les élus et les habitants" estime le président du Sénat, Gérard Larcher, fin connaisseur des collectivités locales.
N'est-il pas paradoxal que Pierre Bédier, un apôtre de l'échelon départemental, nous propose aujourd'hui de saborder le navire dont il est le capitaine !!! Après s'être bien gardé d'annoncer ses intentions aux Yvelinois au moment des élections cantonales.
Les objections ne manquent pourtant pas et elles appellent des réponses précises.
LE DEPARTEMENT, UN ECHELON DE PROXIMITE
1) Le département est un échelon de proximité dont la principale compétence est l'action sociale qui doit rester au plus près des besoins pour mieux les satisfaire et éviter tout gaspillage.
Une fusion éloignerait le centre de décision et marginaliserait les ruraux dans un nouvel ensemble qui compterait 3 millions d'habitants.
2) Les Yvelines sont un département composite, mi-rural mi-urbain, cet équilibre est pour beaucoup dans l'attractivité des Yvelines et doit être préservé. Les Hauts de Seine sont un département urbain.
3) Sauf à être naïf, nous devons rester maître de l'aménagement de notre territoire car nous sommes en concurrence directe avec le 92 pour l'implantation des entreprises et la création d'emplois.
4) Une fusion aurait bien sûr des conséquences sur les impôts locaux : lesquelles ? Après l'augmentation de 65% de la taxe foncière en 2016, il vaudrait mieux savoir. Si les présidents le savent et j'ose espérer qu'ils savent, pourquoi ne communiquent-ils pas sur cette question essentielle pour tous les contribuables, particuliers et entreprises ?
4) En cas de fusion, la préfecture serait-t-elle transférée à Nanterre ? Versailles deviendrait-t-elle une sous-préfecture ? Ou l'inverse ? Au prix d'un allongement des déplacements.
L'ILE DE FRANCE, L'ECHELON DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
Selon Pierre Bédier, la fusion a pour but principal de stimuler le développement économique. C'est oublier que le développement économique est désormais une compétence du Conseil régional dont le budget 2017 s'élève à 5,2 milliards d'euros (hors STIF).
Ce qui se justifie et s'explique par la compétition entre les grandes métropoles mondiales dont presque toutes sont placées sous une autorité unique.
Dans ces conditions, affaiblir la place et le rôle du Conseil régional en semant la confusion et la division est une grave erreur comme on le voit en ce moment avec le partage de la CVAE.
La ville de Paris a déjà une fâcheuse tendance à jouer en solo avec son budget de plus de 9 milliards (comme on le voit avec la fermeture unilatérale d'une partie de la voie express rive droite), créer un nouveau pôle en mariant le 78 et le 92 avec un budget d'environ 3,5 milliards ne ferait qu'affaiblir l'Île de France en multipliant les jeux d'acteurs face à de grandes métropoles comme Londres, New York ou San Francisco.
N'organisons pas la cacophonie !
UN NOUVEAU DECOUPAGE CANTONAL ?
Faudrait-il refaire le découpage cantonal et organiser de nouvelles élections ? Quand ? Y aurait-t-il moins d'élus ?
Voilà quelques questions précises qui appellent des réponses précises.
A suivre.
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