Un article à méditer :
Dans une étude intitulée en clin d'oeil « La révolution réindustrielle » publiée fin juillet, les analystes d'ING montrent que, depuis la dernière récession, « l'essentiel de la croissance américaine a été portée par les biens de production, et le marché du travail a vu une progression inédite des emplois industriels, exactement le contraire de ce que l'on a pu observer lors de précédents cycles économiques ». Dans le cycle présent, « le secteur des services n'a que peu ajouté à la croissance, et la construction a en fait été un léger frein ». Le regain de l'industrie américaine s'explique de plusieurs manières. D'abord par les efforts de l'administration Obama pour doper les exportations. Les ventes à l'étranger représentent actuellement 13,5 % du PIB contre seulement 9 % en 1995. Ensuite, insistent les équipes d'ING, par l'avantage compétitif que les industriels américains tirent d'une énergie bon marché, notamment grâce aux gaz de schiste. Le BDI, qui défend les intérêts de l'industrie allemande, concurrente de l'industrie américaine, a régulièrement attiré l'attention de Berlin sur cet important facteur de compétitivité. Au moment où les PME allemandes championnes de l'exportation voient leur facture d'électricité grimper, pour cause de sortie de l'atome. Enfin, il y a un mouvement de relocalisation vers les Etats-Unis d'emplois auparavant transférés vers des pays à bas coûts de main-d'oeuvre. La presse américaine regorge d'histoires d'entreprises, de toutes tailles, qui rapatrient des unités de production, frustrées par la lenteur de l'acheminement, l'augmentation du prix du transport maritime ou le taux de défauts des produits livrés.
Les industries intensives en facteur travail, comme le textile ou l'électronique, où il y a beaucoup d'assemblage sont moins concernées que les fabricants d'engins massifs, pour lesquels le travail consiste plus à assurer le bon fonctionnement de lignes de montage automatisées qu'à assembler des pièces. Ces derniers investissent de plus en plus aux Etats-Unis, à l'instar de GE ou de Caterpillar. Ils y trouvent des travailleurs qualifiés et sont plus proches de leurs clients, toujours plus impatients.
Les Echos 6/08/2012
On peut tirer beaucoup d'enseignements de cet article, mais j'en retiens 4 :
1) Le recul de l'industrie dans les pays développés au profit des pays émergents n'est pas irrémédiable. Il dépend de facteurs concurrentiels qui évoluent et qui dépendent, en partie, des politiques économiques des États.
2) Le coût de l'énergie est un facteur majeur. C'est pourquoi notre pays doit veiller à conserver l'avantage compétitif qu'il tire de l'énergie nucléaire dont il est un des leaders mondiaux.
3) La qualité de la production est un autre facteur favorable qui dépend, entre autres, de la qualité de la main d'oeuvre.
4) Les coûts de transport vont subir une hausse tendancielle durable.
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