« Les inégalités économiques et sociales sont immenses outre-mer, où elles se transmettent par mariage et héritage, comme la terre, et se protègent par une ségrégation douce, comme le sang. L’Etat républicain, certes, doit briser les privilèges pour instaurer enfin le règne du mérite. Mais il ne saurait cautionner une spoliation vengeresse ni ouvrir aux frais des métropolitains un guichet dégoulinant d’allocations injustifiées.
Ici est l’autre vérité que les Antilles, et presque tout l’Outre-Mer, doivent regarder en face : l’assistanat y est moins dénoncé que l’exploitation ; les délices de Capoue des aides publiques ne soulèvent que peu de critiques… Aux Français des tropiques qui veulent travailler à l’antillaise et consommer à la métropolitaine, rappelons qu’il faut labourer la terre arable pour qu’elle lève d’autres moissons que celle du songe et que, hors de la France, les Antilles seraient au mieux une usine à touristes américains, au pire un paradis fiscal rongé par la mafia, ou un Haïti bis ravagé par des tontons macoutes moins débonnaires qu’Yves Jégo…"
d’après l’éditorial de Christophe Barbier, L’Express, 19 février 2009.